When demographers play the Game of Thrones
Visages
When demographers play the Game of Thrones
Visages

La mort frappe-t-elle vraiment au hasard ?

Img Teaser

Vous arrivez au lycée tranquillement. Hier soir vous avez eu le diner mensuel avec mémé. Vous n’avez pas encore vu le nouvel épisode de Game of Thrones. Vous entendez : « Non mais franchement, personne n’y croyait à sa mort ». Et oui, on vous a spoilé la résurrection de Jon Snow... Mais en même temps c’est vrai que personne n’y croyait. Les scénaristes ne pouvaient pas tuer l’un des personnages centraux. Pourtant, on lit un peu de partout que dans Game of Thrones, personne n’est à l’abri. Alors qu’en est-il ? Existe-t-il des personnages immunisés contre la mort ? Vous l’apprendrez ici !

Devenir démographe grâce à GoT : L'espérance de vie

Img Teaser

La démographie vous intéresse ? Faut dire que l’on en parle très bien ! Être démographe, c’est très simple. Il faut 1) maîtriser Les pyramides des âges 2) tout comprendre des espérances de vie. En cliquant ici, vous saurez si les personnages de GoT ont une espérance de vie proche de celle d’un gueu du XVème siècle. Combien d’années les habitants de Westeros peuvent-ils espérer vivre ? Et vivre en bonne santé ? Allez, on sait que vous en avez envie : cliquez !

Blanc Date de modif
EngSi vous avez les compétences linquistiques de Missandei, aidez-nous à traduire cette page en anglais (ou en valyrien si vous le maîtrisez).
Date de modif

Une base de données originale

Avant de s’atteler à la construction des bases de données, nos deux jeunes démographesPour en apprendre plus sur Romane et Lucas, cliquez ici ! ont dû définir leur population d’étude.

Le champ d’étude : allier efficacité et faisabilité

En statistique il y a un principe que l’on ne peut ignorer : la taille de la population détermine la fiabilité des résultats. Pourquoi ? Prenez l’exemple d’une pièce de monnaie. Lancez-la deux fois. Vous obtenez deux fois pile. Cela suffit-il à affirmer que la pièce est truquée ou que le lancer d’une pièce équilibrée donne systématiquement pile ? Certainement pas. En revanche, si au bout de 20 lancers vous n’avez toujours pas obtenu de face...

Erreur Erreur

Il faut donc une population conséquente. Toutefois en trois mois, Romane et Lucas doivent construire une base de données, l’analyser et publier des résultats. Il faut donc que la population étudiée soit d’une taille raisonnable pour permettre la constitution de la base dans les temps.

Comment définir une population qui garantisse la production de résultats fiables tout en rendant possible la constitution relativement rapide d’une base ?

En s’intéressant aux personnages nommés dans le scénario ! Ce choix est apparu aux deux étudiants comme un compromis entre efficacité et faisabilité. En n’étudiant que les personnages nommés dans les dialogues ils n’auraient pas disposé d’un nombre suffisant de personnages (une centaine). À l’inverse intégrer tous les personnages apparaissant à l’écran aurait ajouté des (dizaines de) milliers de personnages anonymes pour lesquels la donnée aurait été très incomplète. Une vidéo de 21 minutes compile en effet quelques 150.000 morts de la série (lien ici). Alors imaginez un peu le nombre total de personnages... Les deux étudiants décident aussi de restreindre la population aux personnages apparaissant vivants à l’écran au moment de l’intrigue. Exit donc Jon ArrynPhoto du personnage et Hoster TullyPhoto du personnage (entre autres) dont on ne voit que les corps, mais aussi Aerys_IIPhoto du personnage (le Roi fou), Lyanna StarkPhoto du personnage, Arthur DaynePhoto du personnage (entre autres) qui n’apparaissent que dans des flashbacks.

Romane et Lucas constituent une première liste de personnages à l’aide du site allociné qu’ils complètent à l’aide du site fandom anglais. Ils obtiennent ainsi 370 personnages auxquels ils en ajoutent d’autres découverts au cours du visionnage. Finalement, la population d’étude est constituée de 398 personnages dont 14 animaux (dont 3 dragons).

La liste des personnages de la base est visible ici. Si vous vous rendez compte qu’il en manque, bravo, mais ne gardez pas ça pour vous ! N’hésitez pas à le signaler, Romane et Lucas vous en seront reconnaissants.

Quelles caractéristiques étudier ?

Vous posez la question à des démographes. Il y aura donc forcément : le sexePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, l’âgePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, le statut maritalPour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, le lieu de résidencePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
/de naissancePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
... Le rang de noblessePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
remplace les professions et catégories socioprofessionnelles (PCSLa nomenclature des PCS (INSEE, 2003) classe la population selon l’activité des individus. Au niveau le plus fin, un poste de la nomenclature correspond à une profession. Au niveau le plus large se trouvent les 8 groupes socioprofessionnels (employés, ouvriers, cadres...). On ne trouve que très peu de tentative de classement aussi ambitieuse ailleurs dans le monde.) : point de cadres à Westeros, tout juste quelques artisans m’enfin... Pour le reste, Romane et Lucas lisent beaucoup : ils s’appuient sur des articles thématiques (la place des femmesCliquez ici pour accéder à un article ayant inspiré les deux auteurs sur ce thème et de la nuditéCliquez ici pour accéder à un article ayant inspiré les deux auteurs sur ce thème, du handicapCliquez ici pour accéder à un article ayant inspiré les deux auteurs sur ce thème, fat shamingCliquez ici pour accéder à un article ayant inspiré les deux auteurs sur ce thème...) pour créer des variables. Au cours du visionnage de la série, ils ont des intuitions : ils ont par exemple l’impression que les personnages qui en trahissent d’autres meurent plus. Cela sera donc à vérifier. Au total, ils créent une cinquantaine de variables qui sont explicitées dans le dictionnaire des variables. Ce grand nombre de variable permet de restituer au mieux l’univers complexe de Game of Thrones. Néanmoins, si vous pensez que l’impact de la consommation de vin sur la mortalité mérite d’être étudié (ou n’importe quoi d’autre), faites-en part aux deux auteurs. Ils vous répondront assurément et votre variable intégrera peut-être l’étude.

Erreur

Petyr Baelish : élu traître de la série - ©HBO

Deux bases pour deux méthodes

Les deux étudiants commencent donc par construire une base simple constituée des 398 personnages. Dans cette base, les caractéristiques des personnages ne peuvent donc pas changer au cours du temps : il faut choisir une modalité fixe par personnage. Les deux étudiants décident de conserver la modalité la plus portée et donc la plus représentative d’un point de vue statistique. En effet, leur but est de dresser le profil des personnages exposés à la mort. Ainsi, Joffrey BarathéonPhoto du personnage
proba décès :
90%
apparaît dans cette base comme un Roi même s’il n’a été « que » héritier durant la première saison.

Cette base est notamment utilisée dans les dossiers universitairesPour accéder aux dossiers universitaires, cliquez ici ! et l'ensemble des articles disponibles sur ce site web : « GoT : série féministe ou misogyne ? », « GoT : des corps « masculins et normaux » ? », « La mort frappe-t-elle vraiment au hasard », « Une cohorte plus à l'abri ? » et « Loup, Lion, Dragon : qui meurt le plus ? ». Elle leur permet d’établir les profils des grands survivants et des grandes victimes.

Si les démographes peuvent désormais calculer le risque de décéder au cours de la série, ils restent incapables de déterminer quand le décès est susceptible de survenir.

De plus, les caractéristiques des personnages ne varient pas dans cette première base. Or, cela peut s’avérer réducteur pour certains personnages : Arya StarkPhoto du personnage
proba décès :
5%
vit à Winterfell puis à Port Réal. Lorsque son père est décapité, elle commence un périple au cours duquel elle renie sa famille en rejoignant les Sans-Visage. Elle se rebelle contre la secte et retrouve sa sœur devenue Lady. Lieux de résidencePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, ennemisPour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, allégeancesPour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, religionsPour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, rôles politiquesPour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
, noblessePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
et richessePour connaître les principales statistiques
de cette variable : cliquez ici !
varient donc dans le temps.

Erreur

Arya, un personnage aux multiples visages - ©HBO

Pour résoudre ces problèmes, nos deux auteurs pleins de ressources créent une deuxième base. L’unité d’observation devient l’individu*épisode. Concrètement, un personnage apparaît désormais dans la base autant de fois qu’il vit d’épisodes. Nous parlons du nombre d’épisodes de soumission au risque pour évoquer le nombre d’épisodes séparant l’entrée du personnage dans la série de sa sortie définitive et ce, que le personnage apparaisse à l’écran ou non au cours de ces épisodes. Jon SnowPhoto du personnage
proba décès :
2%
apparaît au premier épisode de la saison une et est présent jusqu’au dernier épisode (épisode 7 de la saison 7). Il est donc présent 67 fois dans la base.

Cette seconde base a plus de 6000 entrées ! Elle est donc plus riche que la précédente car les caractéristiques varient dans le temps. Cette base permet aussi de bénéficier d’une puissance statistique bien supérieure à celle de la précédente base (nous nous en servons notamment dans notre dossier de « suivi de biographies »Cliquez ici accéder aux dossiers universitaires).

Pour aller plus loin

Pour réviser votre bac, un article sur les PCS et l'étude des inégalités (leur intérêt et leurs limites) :
Amossé, T. (2012). « Catégories socioprofessionnelles : quand la réalité résiste ! Après le crépuscule, une aube nouvelle ? ». In : Revue Française de Socio-Économie. 10(2), 225-234. doi : 10.3917/rfse.010.0225. [En ligne] : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-socio-economie-2012-2-page-225.htm. [Consulté le 26 septembre 2018].