Plan de l'article
Devenir démographe grâce à GoT :
Les courbes de survie
1. Rectangularisation de la courbe de survie
2. La courbe de survie de Game of Thrones
Devenir démographe grâce à GoT :
Les courbes de survie
Devenir démographe grâce à GoT : Les courbes de survie
Devenir démographe « Spécialiste des enquêtes et de la statistique, le démographe analyse les impacts économiques et sociaux des phénomènes démographiques. Fécondité, mortalité, migration, répartitions géographiques... sont au cœur de ses études. » Source : Onisep, ça nousVous souhaitez en connaître davantage sur les auteurs du site ? Lucas et Romane vous dévoilent tous les secrets ici ! à pris deux ans. Pourtant, ce n'est pas très compliqué : il suffit de maîtriser quelques outils incontournables ! C'est donc que nous avons été un peu long à la compréhension... En lisant cette série de trois articles, vous en saurez autant que nous après deux ans. À quelques choses près...
Devenir démographe et devenir des pros des enquêtes statistiques et de l’analyse de la fécondité, de la mortalité, des migration, ça nous à pris deux ans. Pourtant, ce n'est pas très compliqué : il suffit de maîtriser quelques outils incontournables ! C'est donc que nous avons été un peu long à la compréhension... En lisant cette série de trois articles, vous en saurez autant que nous après deux ans. À quelques choses près...
Mais attention : si nous commençons à chaque fois par un peu de théorie (en tâchant de ne pas être trop rasoir), notre but reste d'analyser notre série préférée ! Alors accrochez-vous : apprenez les grandes tendances historiques et démographiques pour ensuite être capables de situer Game of Thrones par rapport à ces phénomènes.
Comment la série Game of Thrones s'incrit-elle...?
1)... dans la rectangularisation des courbes de survie | 2)... dans la linéarisation de l'espérance de vie | 3)... dans la transition démographique |
Si cela vous intéresse, vous êtes sur la bonne page ! | Cliquez ici pour accéder à l'article concernant l'espérance de vie. | Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les pyramides des âges. |
1)... dans la rectangularisation des courbes de survie | Si cela vous intéresse, vous êtes sur la bonne page ! |
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3)... dans la transition démographique | Cliquez ici pour accéder à l'article concernant les pyramides des âges. |
Les courbes de survie, vous connaissez maintenant ! Nous vous en avons parlé de nombreuses fois. Elles permettent d’étudier l’évolution des risques de mortalité dans le temps. Appliquées à notre série préférée, elles permettent de suivre le nombre de survivants au fil des minutes de survie (Encadré 1).
Alors oui, c’est sympa de suivre l’évolution de la mortalité en fonction du temps de survie. Mais, vous savez, les démographes sont beaucoup plus conformistes. Ils travaillent en général sur des risques de décès en fonction de l’âge. Quel manque d’originalité. Mais c’est quand même intéressant... On peut facilement identifier les âges auxquels la mort frappe : aujourd’hui essentiellement les âges avancés mais durant des siècles les premières années de vie !
Comment la mortalité par âge a-t-elle évolué en France depuis 1745 ? De quelle époque la mortalité par âge de Game of Thrones s’approche-t-elle le plus ?
Vous le savez, nous sommes toujours là pour répondre à ce genre de questions farfelues !
Dans l’article « Une cohorte plus à l’abri ? », nous comparons l’évolution des risques de décès des personnages apparus pour la première fois en début de série aux personnages apparus plus tardivement. Ces premiers survivent-ils plus longtemps que les seconds ?
Nous vous proposons un article qui décrit de manière complète et simple la méthodologie des courbes de survie. Enfin... On a essayé de faire simple !
Pour les plus braves, il reste les dossiers universitaires (le dossier de « suivi de biographies » et de « cohorte ») ou encore le dictionnaire des variables (où les courbes de survie sont légions).
Fig. 1 : Courbe de survie française 1745
Quittons un temps (très court, promis !) l’univers de Game of Thrones pour dire deux mots sur l’évolution de la mortalité en France depuis 1745.
Illustration de l’évolution incroyable de la mortalité française avec des courbes de survie !
Fig. 1 : Courbe de survie française 1745
Cette courbe (Fig. 1) est celle donnée par la mortalité observée en 1745. Bah oui, ça aurait été trop simple de suivre 1.000 personnes nées en 1745 et de voir combien il en reste à 1 an en 1746, à 2 ans en 1748... Mais non, les démographes font ce que l’on appelle des « cohortes fictives ». On étudie la mortalité en 1745 des personnes ayant entre 0 et 1 an, entre 1 et 2 ans... Et on trace ainsi la courbe de 1745. Les quelques personnes qui restent à 80 ans ont bien 80 ans en 1745 et non en 1825. Vous avez compris la feinte ?
Que voit-on sur cette courbe de survie ? La première chose qui frappe, c’est la mortalité infantile« Nombre de décès d’enfants de moins d’un an rapporté au nombre de naissances vivantes. Il est en général calculé pour une année donnée et exprimé pour 1.000 nouveaux-nés vivants. » Source : INEDFig. 2 : Les courbes de survie françaises à plusieurs époques
Fig. 3 : La chute de la mortalité infantile depuis 1740
La deuxième leçon à tirer de ce graphique est le recul de l’âge auquel la moitié de la cohorte décède : en 1745, la moitié de la cohorte décède avant 8 ans contre 88 ans en 2015 ! La concentration des décès a radicalement changé : en 1745, 60% des décès avaient lieu avant l’âge des 20 ans tandis qu’en 2015, 75% des décès ont lieu après 80 ans. Cette évolution se traduit visuellement par une « rectangularisationMeslé, F. et Vallin, J. (2002) « Monté de l’espérance de vie et concentration des âges au décès ». In : Document de Travail INED.N°10. [En ligne] : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/19432/108.fr.pdf [Consulté le 18/04/2018] » des courbes de survie (Fig. 2) : quasiment tout le monde est présent jusqu’à 75 ans, puis c’est la Bérézina !
Cette rectangularisation est le fait de la transition sanitaireMeslé, F. et Vallin, J. (2000) « Transition sanitaire : tendances et perspectives ». In : médecine/sciences 2000. N° 11, vol. 1, pp1161-1171. [En ligne] : http://www.ipubli.inserm.fr/bitstream/handle/10608/1549/2000_11_1161.pdf?sequence=6 [Consulté le 18/04/2018].
On a d’abord réussi à éviter les morts dues aux maladies infectieuses et aux mauvaises récoltes (des décès concentrés aux jeunes âges) grâce aux vaccins, progrès agricoles...
On a ensuite limité les morts dues aux maladies cardio-vasculaires« Les maladies cardio-vasculaires (ou maladies cardiovasculaires) sont les maladies qui concernent le cœur et la circulation sanguine » Source : Wikipedia (années 1970-1980) et concentrées autour de 60 ans.
Sera t’on capable dans les années à venir de réduire la mortalité due aux cancers ?...
Fig. 3 : La courbe de survie de Game of Thrones dans le processus de rectangularisation
Fig. 4 : La courbe de survie de Game of Thrones dans le processus de rectangularisation
À partir de 10-15 ans, la courbe de survie de Game of Thrones prend un aspect tout à fait singulier : sa pente est impressionnante (ce qui signifie que les personnages y décèdent en masse). Cette pente semble s’approcher de celles observées à partir de 50 ans en 1950 ou à partir de 70 ans en 2015. Nous vous l’avions dit : Game of Thrones est une série impitoyable ! Ainsi, la mortalité de 15 à 45 ans est bien plus importante dans Game of Thrones qu’elle ne l’était en France en 1745. Sur dix individus ayant survécu jusqu’à 15 ans, trois décèdent avant l’âge de leur 40 ans avec la mortalité observée en 1745 contre sept avec la mortalité observée dans Game of Thrones !
De manière singulière, l’extinction (qui est rapide entre 15 et 45 ans) se ralentit après 45 ans ! C’est bien parce que les décès dans Game of Thrones sont liés à la guerre. Ceux qui la font sont dans la force de l’âge et périssent au combat.
En excluant la mortalité des 0 à 10 ans (qui est représentée par peu de personnages), il est possible de trouver une courbe de survie qui s’approche encore plus de celle de Game of Thrones. Une époque où les décès surviennent à la force de l’âge alors que les individus avaient dépassé les dangers des jeunes âges et étaient encore à l’abri des maladies des âges élevés.
Une période de guerre donc ? Au hasard Balthazar, traçons (on le fait pour vous) la courbe de survie d’une cohorte fictive constituée d’hommes uniquement qui vivraient avec la mortalité de 1914 à partir de leurs 10 ans (Fig. 4 : Game of Thrones plus sanglant que la première guerre mondiale
Fig. 5 : Game of Thrones plus sanglant que la première guerre mondiale
Alors, heureux ? En tout cas, instruits !
Balyo, Y. (1975). « La mortalité en France de 1740 à 1829 ». In : Population, 30-1 pp. 123-142. [En ligne] : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1975_hos_30_1_15697 [Consulté le 20/05/2018]
Meslé, F. et Vallin, J. (2001). « Tables de mortalité françaises pour les XIXe et XXe siècles et projections pour le XXIe siècle ». In : Données statistiques INED. [En ligne] : https://www.ined.fr/Xtradocs/cdrom_vallin_mesle/texte.pdf [Consulté le 18/04/2018]
Le site de l'INSEE : https://www.insee.fr/fr/accueil