When demographers play the Game of Thrones
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Loup, Lion, Dragon : qui meurt le plus ?

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Niveau jeux de pouvoir, Game of Thrones n'a rien à envier à une série comme House of Cards. Le Lion, le Loup et le Dragon, après avoir évincé le Cerf, se battent férocement pour le pouvoir. À grand renfort de ralliements et de trahisons, les allégeances se font et se défont. Le pouvoir d'une famille varie dans le temps. Une alliance puissante protège-t-elle de la mort les personnages qui lui ont prêté allégeance de la mort ? On vous dit tout ici !

Plan de l'article
Des caractéristiques liées entre elles

1. Les caractéristiques des personnages liées à la popularité et à l'impopularité

2. D’importantes différences entre les personnages féminins et masculins

3. Cohortes et effets de composition

4. Pourquoi exclure de l’étude certaines caractéristiques

Pour aller plus loin

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EngSi vous avez les compétences linquistiques de Missandei, aidez-nous à traduire cette page en anglais (ou en valyrien si vous le maîtrisez).
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Des caractéristiques liées entre elles

À l’instar de J. K. RowlingPhoto du personnage avec Harry PotterPhoto du personnage ou de J. R. R. TolkienPhoto du personnage avec le Seigneur des AnneauxPhoto du personnage, George R. R. MartinPhoto du personnage a créé un univers à part entière. David BenioffPhoto du personnage et D. B. WeissPhoto du personnage, les créateurs de la série Game of Thrones, ont respecté la profondeur de l’œuvre. L’histoire et la culture de Westeros ainsi que son organisation politique et économique sont particulièrement riches. Les personnages sont aussi profonds et l’on peut les décrire par de nombreuses caractéristiques : lieu de naissance ou de résidence, âge, corpulence, statut marital, nombre d’enfant(s), statut politique, niveau de richesse, allégeance... Toutes ces caractéristiques sont précieuses pour les démographes« C’est un spécialiste des études statistiques des populations. Il recueille et analyse des données sur les évolutions des populations afin de fournir aux décideurs (éducation, économie, santé) l'information prospective dont ils ont besoin. » Source : cijj car chacune peut en partie expliquer la mortalité !

Il va sans dire que certaines caractéristiques sont liées entre elles. Il semble en effet difficile d’avoir prêté allégeance à la famille Lannister tout en étant pote avec les Stark... L’allégeance implique en partie l’ennemi. Ce lien entre les variables est quelque chose de tout à fait normal en démographie. HistoriquementVoir rubrique « Pour aller plus loin »., les démographes ont étudié la nuptialité (étude des mariages et de leurs logiques au sein d’une population). Non pas que ça les intéressait en soi. Juste parce que la naissance d’enfant(s) ne se faisait (quasiment) que dans le cadre du mariage. Et devinez quoi ? C’est aussi le cas dans Game of Thrones ! Si, si. Vous verrez.

Si ces liens entre variables sont intéressants, ils sont aussi susceptibles de biaiser une étude.
Nous vous proposons d’étudier certains de ces liens afin de toujours mieux satisfaire votre curiosité et de mettre en lumière la nécessité de raisonner toutes choses égales par ailleurs.

1. Les caractéristiques des personnages liées à la popularité et à l'impopularité

En guise d’introduction, il semblerait qu’un personnage soit d’autant plus populaire qu’il apparaît longtemps à l’écran. Bah oui, cela paraît logique ! Vous aimez GéraldPhoto du personnage
proba décès :
38%
vous ?! Non. S’il a une bonne tête, il ne reste à l’écran que 2 secondes. Ainsi, les quatre personnages les plus présents à l’écran (Jon SnowPhoto du personnage
proba décès :
2%
, Tyrion LannisterPhoto du personnage
proba décès :
1%
, Daenerys TargaryenPhoto du personnage
proba décès :
17%
et Sansa StarkPhoto du personnage
proba décès :
12%
) ont recueillis presque autant de votes de popularité que tous les autres personnages réunis (soit plus de 390 personnages !).

On montre que le nombre de votes réunis par un personnage augmente en moyenne de 1.000 par minutes supplémentaire d’apparition à l’écran.

Apparaître longtemps ne semble pas être l’unique variable ayant un impact sur la popularité des personnages. Les personnages féminins, jeunes, de corpulence normale ou musclée, apparaissant nus au moins une fois, sans déviance sexuelle et faisant partie des allégeances Stark ou Targaryen sont bien plus kiffés qu’un p’tit vieux tel que Walder FreyPhoto du personnage
proba décès :
96%
(voir tableau 6).

Les personnages aux pratiques sexuelles considérées par leurs homologues comme déviantes recueillent très peu de votes de popularité... Et beaucoup d’impopularité.

Il est toutefois, intéressant de constater que certains personnages cristallisent les passions (par exemple les 15-20 ans) : ils sont à la fois aimés et détestés ! C’est typiquement le cas de Théon GreyjoyPhoto du personnage
proba décès :
18%
(classé 26ème par sa popularité, 35ème par son impopularité). Citons aussi Cersei LannisterPhoto du personnage
proba décès :
11%
qui réussit l’exploit d’être à la fois 9ème du classement de la popularité (on aime la reine badass et fine stratège) et 9ème du classement de l’impopularité (on n’aime pas la fille à papa qui déteste l’un de ses frères tout en aimant l’autre un petit peu beaucoup trop). Autre exemple MelisandrePhoto du personnage
proba décès :
48%
: 15ème du classement de l’impopularité (on n’aime pas sa religiosité extrême, son usage des sangsues, sa façon de donner naissance à des spectres sans s’inquiéter...) et 14ème du classement de la popularité (un grand mystère : si vous l’aimez... On ne peut plus rien pour vous.).


Tableau 1 : sexe Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Personnages féminins 100 18158 6688
Personnages masculins 298 7048 8312
Ensemble 398 9839 7904


Tableau 2 : âge Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Moins de 10 ans 17 2143 6502
10-15 ans 30 28458 5134
15-20 ans 26 63599 19388
20-25 ans 28 443 5492
25-30 ans 39 3610 6370
30-35 ans 87 8229 6154
35-40 ans 15 728 8039
40-45 ans 60 4630 7911
45-60 ans 39 100 6148
Plus de 60 ans 31 2877 15168
NC 26 4663 5168
Ensemble 398 9839 7904
Ensemble 398 9839 7904


Tableau 3 : corpulence Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Moins que la moyenne 53 1197 9657
Normale 223 10823 8373
Plus que la moyenne 66 3579 8272
Musclé 38 29722 5283
NC 18 4069 1117
Ensemble 398 9839 7904


Tableau 4 : nudité Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Aucune scène de nu 326 3994 6493
Au moins une scène de nu 56 45387 18112
NC 16 4522 935
Ensemble 398 9839 7904


Tableau 5 : déviance Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Non déviant 353 10453 6067
Déviant 45 5022 22316
Ensemble 398 9839 7904


Tableau 6 : allégeance Effectif Popularité moyenne Impopularité moyenne
Aucune 48 1043 1222
Autre 34 5117 12221
Bolton 11 1027 24135
Dissident-Barathéon 14 2392 5625
Dothraki 19 1078 2189
Esclavagiste 14 20 9465
Fanatiques religieux 22 2908 13873
Frey 20 02 8892
Garde de Nuit 31 3043 7456
Greyjoy 14 794 4591
Lannister 63 9933 12813
Peuple libre 17 2158 2447
Stark 70 28213 4884
Targaryen 21 39025 8769
Ensemble 398 9839 7904

2. D’importantes différences entre les personnages féminins et masculins

Des personnages féminins moins nombreux mais plus importants

Game of Thrones se déroule dans un cadre de fantaisie médiévale. Dans ce cadre, l’univers est majoritairement masculin : il y a dans Game of Thrones trois fois plus de personnages masculins nommés que de personnages féminins nommés. Pour autant, un personnage féminin a une plus grande chance d’être important ! Parmi les dix personnages les plus vus à l’écran à l’issue de la saison 7, quatre sont des personnages féminins. Ce n’est pas encore la parité mais on s’en approche ! Les personnages féminins passent à l’écran en moyenne 20 minutes contre seulement 14 pour leurs homologues masculins. Ajoutez à cela le fait que les personnages féminins sont en moyenne plus populaires et vous obtiendrez un premier bel effet de composition.

Erreur

Parmi les 6 personnages qui ont passé le plus de temps à l'écran, 4 sont des personnages féminins

Des personnages féminins sensuels et des personnages masculins virils

Les personnages féminins ont en moyenne 24 ans contre 37 ans pour leurs homologues masculins ! Rangez les doigts sur lesquels vous comptez : cela fait une différence de 13 ans (pour en savoir plus sur les différences d'âge entre personnages féminins/masculins cliquez ici). 17% des personnages féminins sont des prostituées contre seulement 1% des personnages masculins. 26% des actrices apparaissent nues au moins une fois (11% seulement des acteurs).

Enfin, les corps qui nous sont montrés à l’écran ne sont pas les mêmes selon qu’il s’agisse de corps féminins ou masculins. Les personnages féminins sont sveltes voire minces ! Ils sont 4 fois moins touchés par le surpoids.

Vous l’aurez compris, les personnages féminins n’ont pas du tout le même rôle pour l’intrigue. Ils ont plus de chance d’être jeunes, beaux, minces et nus... L’atout charme en somme.

3. Cohortes et effets de composition

Dans l'article « Une cohorte plus à l'abri ? » nous vous avons parlé des cohortes. Eh bien les personnages qui les composent ne partagent pas les mêmes caractéristiques.

La cohorte 1 est composée à 42% de Stark contre 8% pour la cohorte 4 et à 18% de handicapés contre 7% pour la cohorte 4. Les personnages de la cohorte 1 sont plus jeunes (27 ans en moyenne contre 35 ans pour la cohorte 4) et plus fréquemment handicapés (ce qui semble protéger de la mort). Les personnages y sont également plus souvent riches (17% contre 10% pour la cohorte 4) – caractéristique qui, cette fois, expose à la mort. La cohorte 4 est composée à 78% de personnages n’ayant pas obtenu de vote de popularité (contre moins de 10% pour les autres cohortes). 90% des personnages éclairs (c’est-à-dire visibles que quelques secondes) appartiennent à la cohorte 4.

4. Pourquoi exclure de l’étude certaines caractéristiques

En parcourant le dictionnaire des variables, vous vous êtes rendus compte que certaines caractéristiques n’apparaissaient jamais dans les articles. Non, nous ne les avons pas oubliées. Croyez-nous, lorsque l’on passe du temps à créer une base on essaie de rentabiliser chaque variable. Non. C’est juste qu’elles sont tellement proches d’une autre variable qu’il a fallu faire un choix. Exemples de caractéristiques passées à la trappe.

Les ennemis déductibles à partir de l’allégeance ?

Erreur

Lecture : 55% des Boltons ont pour ennemis des Starks. 79% des esclavagistes ont pour ennemis des Targaryens.

Le tableau ci-dessus montre bien que, dans certains cas, les ennemis d’un personnage peuvent se déduire de l’allégeance. Difficile pour les Sauvageons et les gardes de Nuit de fraterniser !

Des liens en chaîne : allégeances, statut marital et nombre d’enfant(s)

Erreur

Lecture : Tous les personnages ayant comme allégeance peuple libre sont célibataires.
20% des Frey sont mariés.

De même, le statut marital (le personnage est-il maqué ?) peut en partie se déduire de l’allégeance. Une pensée émue pour les gardes de Nuits censés faire vœu de chasteté... Jusqu’à leur rencontre avec une belle rouquine. De manière assez logique, le statut marital joue quant à lui sur le nombre d’enfant(s). Difficile en effet d’avoir des enfants si l’on respecte son vœu de chasteté. 60% des personnages mariés ont au moins un enfant contre 10% des célibataires/veufs et 3% des personnages ayant fait vœu de chasteté.

Sur ces trois caractéristiques, nous n’avons conservé que l’allégeance que vous retrouverez dans les modèles. Pourquoi ? Nous allons vous expliquer.

Les gardes de Nuit meurent beaucoup ! De même que les personnages faisant vœu de chasteté. Vous ne voyez pas un lien ? Les gardes de Nuit sont chastes ! Ainsi, en mettant les deux caractéristiques dans un même modèle on surestimerait le rôle de la chasteté dans la mort. Mais d’après vous, le Garde de nuit tué d’un coup de hache ou piétiné par un géant meurt-il parce qu’il est encore puceau ou parce qu’il appartient à l’institution de la Garde ?

Nous avons aussi opéré un choix dans les indicateurs du temps de présence. En effet, plus un personnage apparaît dans un grand nombre d’épisodes, plus il est vu longtemps à l’écran. Nous enfonçons une porte grande ouverte ? Certes. Alors autant choisir une des deux variables.

Pour aller plus loin

Nuptialité et transition démographique : Chojnacka, H. (1993) « La nuptialité dans les premières étapes de la transition démographique ». In : Population, 48-2 pp., 307-324, [En ligne] : https://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1993_num_48_2_3971 [Consulté le 13 avril 2018]

Vous voulez connaître le rôle du corps dans la série ? Consultez cet article.

Quel est le lien entre l'allégeance et les risques de décès ? Consultez cet article.

Vous voulez savoir si les personnages féminins et les personnages masculins sont exposés de la même manière à la mort ? Consultez cet article.