When demographers play the Game of Thrones
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Probabilité de décéder

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Vous avez-lu nos articles. Oui, tous sans exception. Vous trouvez ça cool les liens, les photos et les risques de décéder sur le nom de chaque personnage. Mais... le nom de votre personnage préféré n’est jamais apparu. Faut dire qu’il faut être un expert de Game of Thrones pour autant apprécier Aggar. Vous avez drôlement envie de connaître sa probabilité de décéder ! Alors cliquez ici et vous aurez votre réponse. En plus on peut classer par ordre alphabétique, du plus grand au plus faible risque de mourir... C’est drôle.

Plan de l'article
La mort frappe-t-elle vraiment au hasard ?

1. Des premières saisons douloureuses

2. Petit point méthodologique (désolé...)

3. Première entorse à la croyance : Jon Snow ne pouvait pas mourir

4. Les grandes victimes : les personnages auxquels on s’attache

5. Les anonymes : que faire de Gérald ?

6. D’autres caractéristiques influencent la mortalité

Pour aller plus loin

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La mort frappe-t-elle vraiment au hasard ?

Photo résurection Jon

Fig. 1 : La résurection que tout le monde attendait - ©HBO

Citation 20 minutes
Citation Télérama
Citation Allociné

Selon N. Camart et R. ZebdiCesbron, M. (2016). « Pourquoi Game of Thrones est un cas clinique  ». In : Le Point Pop. [En ligne] : http://www.lepoint.fr/pop-culture/series/pourquoi-game-of-thrones-est-un-cas-clinique-17-05-2016-2039830_2957.php [Consulté le 6 avril 2018], la mort est aléatoire dans Game of Thrones et « aucun personnage n’est à l’abri ». De nombreux articles de presseSource : voir la section « Pour aller plus loin ». reprennent cette idée : cela nous maintient en haleine et est la cause de l’addiction à la série. Pourquoi ? Parce que nous vivons dans une société où les inégalités face à la mort sont importantes. En France, un homme cadre de 35 ans peut espérer vivre 6 ans de plus qu’un homme ouvrier [Source : INSEE].

Mais n’y a-t-il vraiment aucune logique à la mort dans Game of Thrones ? Jon SnowPhoto du personnage
proba décès :
2%
, idole des téléspectateurs (et pas seulement des téléspectatrices) présent dans 56 des 67 épisodes, a-t-il le même risque de mourir que l’écuyer GéraldPhoto du personnage
proba décès :
38%
faisant une fugace apparition avant de partir en guerre ?

1. Des premières saisons douloureuses

Les morts violentes et inattendues de certains personnages populaires ont choqué de nombreux spectateurs : rappelons-nous de Ned StarkPhoto du personnage
proba décès :
100%
, de DrogoPhoto du personnage
proba décès :
98%
, de Catelyn StarkPhoto du personnage
proba décès :
91%
ou encore de Robb StarkPhoto du personnage
proba décès :
99%
. Combien de cris déchirants poussés et de larmes versées (une vidéo en compile les réactions ici !) ?

Après ces tragédies, on peut aisément comprendre que les spectateurs soient crispés lors du visionnage de la série ! Et pour cause, nous étions attachés à ces personnages qui étaient très présents à l’écran et très importants au moment de leur décès : Ned Stark meurt à la fin de la première saison alors qu'il était le personnage le plus vu à l'écran. En effet, ces personnages connaissaient une ascension de popularité ou du moins d'intérêt auprès des spectateurs à l'approche de l'heure fatidique. C’est en tout cas ce que tend à montrer l’infographie suivante :
Google trends S1
Pour voir l'infographie sur d'autres saisons, cliquez ici.
Source : Arnett, G. and Levett, C. (2016). « Game of Thrones: the most Googled characters – episode by episode ». In : The Guardian

Fig. 2 : Nombre de recherches Google lors de la semaine suivant la diffusion des épisodes de la saison 1

Google trends S3
Pour voir l'infographie sur d'autres saisons, cliquez ici.
Source : Arnett, G. and Levett, C. (2016). « Game of Thrones: the most Googled characters – episode by episode ». In : The Guardian

Fig. 3 : Nombre de recherches Google lors de la semaine suivant la diffusion des épisodes de la saison 3

Ainsi on remarque bien que les personnages décèdent alors même qu'ils devenaient importants (on remarque toutefois que ce n'est pas parce qu'un personnage devient intéressant qu'il meurt : en effet Jaime LannisterPhoto du personnage
proba décès :
1%
ou Theon GreyjoyPhoto du personnage
proba décès :
18%
connaissent des pics d'intérêt pendant la saison 3 et ne décèdent pas pour autant) - Fig. 2 et Fig. 3.

Mais faut-il se limiter à cela ? Aujourd’hui ces morts commencent à dater. Le spectateur doit-il toujours se méfier ? À l’issu des sept premières saisons, peut-on toujours affirmer qu’aucun personnage n’est à l’abri ?

2. Petit point méthodologique (désolé...)

Pour répondre à cette question, nous recourons aux régressions logistiques (si vous êtes masos et que vous voulez comprendre les tenants et les aboutissants de cette méthode, reportez-vous à la méthodologie). En gros, ce modèle « optimal » (Fig. 4) estime au mieux le lien entre les caractéristiques d’un personnage et son risque de mourir toutes choses égales par ailleurs. Nous pouvons déterminer quelles caractéristiques rendent la mort plus fréquente et quelles autres protègent de la mort.

Ce modèle nous permet de calculer le risque de mourir des personnages (c’est celui qui apparaît quand vous passez la souris sur un nom de personnage !). À partir de ces risques calculés par le modèle nous dressons les portraits (Fig. 6) des grands survivants et des grandes victimes (les 20 personnages ayant respectivement les plus forts et les plus faibles risques de mourir).

Tableau Modèle Profil

Lecture : Toutes choses égales par ailleurs (cohorte, nombre d’épisodes d’apparition, temps moyen à l’écran par épisode d’apparition, régularité d’apparition, statut de combattant, nombre de personnages nommés tués, taille d’allégeance), les combattant.e.s (hors gardes royaux et chevaliers) meurent plus que les non-combattant.e.s. Le risque à prendre pour affirmer cela est inférieur à 0,01% (****) ! Par rapport à un.e non-combattant.e, un.e « autre combattant.e » a huit fois plus de risque de décéder.
Pour voir le modèle en plein écran cliquez ici
Pour télécharger le modèle en PDF cliquez ici
Pour plus d'informations sur les lectures de régressions cliquez ici

Fig. 4 : Modèle optimal

Félicitation ! Vous avez survécu. À moins que... Vous êtes toujours là ?

3. Première entorse à la croyance : Jon Snow ne pouvait pas (définitivement) mourir

Photo Jon Snow Thug Life

Fig. 5 : Jon Snow l'immortel ? - ©HBO

Un autre point de vue : la mythologie du héros par Lter Brac

Au cours d'une discussion très riche, Lter Brac nous a fait part de son analyse radicalement différente. Pour lui, Jon Snow devait mourir :

Pour vaincre les autres qui connaissent la mort puisqu'ils ne sont pas des plus frais, Jon Snow devait donc mourir. Intéressant, non ? ll n’empêche que notre étude des facteurs de mortalité ne permet pas de prendre ces considérations mythologiques en cause. Si Jon Snow est mort (puisque sémantiquement le fait de revenir à la vie ne s'applique qu'aux morts), nous disons qu'il ne pouvait pas mourir définitivement puisque l'intrigue avait encore besoin de lui. Nos points de vue semblent donc radicalement opposés... Mais finalement pas tant que ça !

Les vingt personnages aux meilleures chances de survieSi vous souhaitez connaître la liste de ces vingts personnages, nous vous conseillons de cliquez ont entre 0,08% et 5,27% de « chance » de mourir. Ces personnages sont capitaux pour l'intrigue :

Des statistiques impressionnantes vous en conviendrez.

Par rapport à un personnage apparaissant dans 3 ou 4 épisodes, un personnage présent dans plus de 30 épisodes a 250 fois moins de risque de mourir (toutes choses égales par ailleurs).

Ces personnages sont tellement importants que les scénaristes peinent à les tuer. Lorsqu’ils osent : miracle ! Ils reviennent à la vie. Comme Jon Snow (Fig. 5) ! Si vous n’étiez pas au courant, ce n’est pas un spoilOu comme on le dirait au Québec, un divulgâchis !
(ou comme on le dirait au Québec : le divulgâchis !)
. Vous êtes à la masse... Notre conseil : dépasser les 30 épisodes ! Après, on est intouchable (sauf Petyr BaelishPhoto du personnage
proba décès : 4%
Oui, bon ok... Cette fois-ci notre modèle s'est planté en beauté. Mais est-ce de notre faute si Petyr Baelish est le seul mort parmi les 18 personnages apparaissant dans plus de 30 épisodes ? Non. C'est une exception statistique.
...).

Le fun fact du démographe (accrochez-vous) : d’après le modèle, les personnages apparaissant au cours des trois premiers épisodes de la saison 1 ont une probabilité plus élevée de décéder. Pourtant, il s’agit de personnages centraux. Pour vous en assurer, voici quelques noms : JaimePhoto du personnage
proba décès :
1%
, Tyrion LannisterPhoto du personnage
proba décès :
1%
, CerseiPhoto du personnage
proba décès :
11%
, SansaPhoto du personnage
proba décès :
12%
, Jon, ThéonPhoto du personnage
proba décès :
18%
(certes, il y a aussi Ned,Photo du personnage
proba décès :
100%
CatelynPhoto du personnage
proba décès :
91%
et RobbPhoto du personnage
proba décès :
99%
, mais quand même !)... Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que pour survivre aux sept premières saisons, ces personnages centraux doivent traverser sans embûches l’intégralité des épisodes. Les démographes que nous sommes diraient qu’ils sont donc soumis plus longtemps au risque de mourir. Quoi de plus normal donc à ce qu’ils décèdent plus en dépit de leur importance ?

Dans le dossier intitulé « cohorte »Cliquez ici accéder aux dossiers universitaires, nous tentons d’annihiler ce temps de soumission au risque pour rendre comparable la mortalité des cohortes. Si vous êtes motivés, allez jeter un œil !

4. Les grandes victimes : les personnages auxquels on s’attache

À l'opposé des grands survivants, les vingt personnages aux moins bonnes chances de survie ont en moyenne 99,2% de risque de mourir (Fig. 6)

Ces personnages sont importants pour l’intrigue et les spectateurs : leur popularité est 3 fois plus importante que celle des autres personnages et lorsqu’ils apparaissent dans un épisode, ils sont à l’écran durant 3 minutes et 40 secondes, un record !

Toutefois, s’ils apparaissent dans plus d’épisodes que la moyenne (3 grandes victimes sur 4 apparaissent entre 5 et 20 épisodes contre moins de 3 en moyenne), les grands survivants les battent à plates coutures en apparaissant beaucoup plus.

Notre hypothèse ? Les scénaristes de Game of Thrones tuent des personnages récurrents qui ne dépassent pas un certain nombre d'épisodes d'apparition (et par extension une certaine popularité). Pour ne pas tuer les personnages centraux, on tue ceux auxquels on s’attache et qui ont une importance temporaire pour l’intrigue. Un grand classique.

Photo des grandes victimes et des grands survivants

Fig. 6 : Profils des grands survivants et des grandes victimes.

(Les chiffres correspondent aux 20 personnages ayant les plus faibles et les plus grandes probabilités de décéder tandis que nous avons conservé les photographies des 10 personnages ayant les plus faibles et les plus grandes probabilités de décéder) - ©HBO

5. Les anonymes : que faire de Gérald ?

Erreur

Fig. 7 : Gérald : un personnage au potentiel méconnu - ©HBO

Nous vous avons déjà parlé de Gérald (Fig. 7). Et pour cause, c’est notre chouchou. Il est aux séries ce que « CharliePhoto Charlie » est à la BD : la discrétion faite homme. Romane et son copain ont passé de longues minutes à le chercher dans l’épisode où il apparaît.

À l’instar de Gérald, de nombreux personnages n'apparaissent que quelques secondes au cours d'un unique épisode. Nous n’en avons étudié qu’un nombre restreint (130 tout de même !) car la plupart n’ont pas de nom. Quels risques de décéder connaissent ces personnages dont tout le monde a oublié le nom et dont très peu l'ont ne serait-ce que connu ? Ces personnages ont un risque de décéder plus faible que la moyenne (38% contre 51% pour l'ensemble de nos personnages). Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne semble donc pas s’agir de la chair à canon de Game of Thrones. La plupart de ces personnages se contente de disparaître à jamais sans laisser de trace. À jamais ? Personne ne le sait ! On peut espérer un come-back de Gérald pour bouter les Marcheurs Blancs lors de l’ultime saison ! On ne parierait pas la dessus tout le même...

6. D’autres caractéristiques influencent la mortalité

Outre des preuves de l’importance des personnages, le modèle « optimal » conserve la noblesse, la taille de l’allégeance, le statut de combattant et le nombre de victime(s). C’est donc qu’il y a des caractéristiques qui influencent le risque de décéder ! Voici les logiques qui ressortent d’ores et déjà :

Mais il y a pleins d’autres leçons à en tirer. On vous renvoie vers nos autres articles : cliquez ici si vous voulez savoir ce qu’il en est des femmes dans Game of Thrones, et ici si l’impact du corps vous intéresse.

En conclusion, si aucun personnage de Game of Thrones n'est totalement à l'abri de la mort (le risque de décéder ne peut pas être nul) certains le sont quand même plus que d'autres. Si vous voulez voir le détail de ces risques calculés par notre modèle, cliquez ici.

Pour aller plus loin

L'addiction de la mort aléatoire dans GoT

Cesbron, M. (2016). « Pourquoi Game of Thrones est un cas clinique  ». In : Le Point Pop. [En ligne] : http://www.lepoint.fr/pop-culture/series/pourquoi-game-of-thrones-est-un-cas-clinique-17-05-2016-2039830_2957.php [Consulté le 6 avril 2018]

Chapon, B. (2014). « Comment « Game of Thrones » est devenu le phénomène pop des années 2010 ». In : 20 minutes. [En ligne] https://www.20minutes.fr/television/1342261-20140403-comment-game-of-thrones-devenu-phenomene-pop-annees-2010 [Consulté le 11 avril 2018]

Langlais, P. (2017). « “Game of Thrones”, le succès en dix leçons ». In : Télérama. [En ligne] : http://www.telerama.fr/series-tv/game-of-thrones-le-succes-en-dix-lecons,160044.php [Consulté le 6 avril 2018]

Marzolf, H. et Mury, C. (2010). « “Game of thrones”, la série souveraine ». In : Télérama. [En ligne] http://www.telerama.fr/television/game-of-thrones-serie-souveraine,102962.php [Consulté le 11 mai 2018]

La question que tout le monde se pose : qui va mourir ?

Beaufort, R. et Melissent, L. (2018). « Probabilités de décès par personnage ? ». In : When demographers play the Game of Thrones. [En ligne] : proba_pop.html [Consulté le 18 novembre 2018]

Bricard, M. (2017). « "Game of Thrones" : qui va mourir dans les prochains épisodes ? ». In : RTL. [En ligne] : http://www.rtl.fr/culture/super/game-of-thrones-qui-va-mourir-dans-les-prochains-episodes-7789597838 [Consulté le 6 avril 2018]

Martin, C. (2017). « “Game of Thrones” : qui va mourir dans la saison 7 ? ». In : Première. [En ligne] : http://www.premiere.fr/Series/News-Series/Game-of-Thrones-qui-va-mourir-dans-la-saison-7 [Consulté le 6 avril 2018]

Munier, R. (2017). « “Game of Thrones” : l'algorithme qui veut prédire les prochains morts ». In : Usbek & Rica . [En ligne] : https://usbeketrica.com/article/l-algorithme-qui-veut-predire-les-morts-de-game-of-thrones [Consulté le 6 avril 2018]

(2017). « Qui va mourir dans la saison 8 de “Game of Thrones” ? ». In : Topito. [En ligne] : http://www.topito.com/battle/qui-va-mourir-dans-la-saison-8-de-game-of-thrones [Consulté le 6 avril 2018]

Pour encore plus d’études de la mortalité sur notre site !

Beaufort, R. et Melissent, L. (2018). « Un monde violent ». In : When demographers play the Game of Thrones. [En ligne] : https://www.demographie-got.com/un_monde_violent.html [Consulté le 18 novembre 2018]

Beaufort, R. et Melissent, L. (2018). « La mort frappe-t-elle vraiment au hasard ? ». In : When demographers play the Game of Thrones. [En ligne] : https://www.demographie-got.com/r_hasard.html [Consulté le 18 novembre 2018]

Beaufort, R. et Melissent, L. (2018). « Calendriers des décès ». In : When demographers play the Game of Thrones. [En ligne] : https://www.demographie-got.com/cal_deces.html [Consulté le 18 novembre 2018]

Beaufort, R. et Melissent, L. (2018). « Carte des décès ». In : When demographers play the Game of Thrones. [En ligne] : https://www.demographie-got.com/carte.html [Consulté le 18 novembre 2018]